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25 novembre 2020

Célébration de la 30ème édition des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes et filles

Déclaration du Mouvement de Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi
Du 25 Novembre au 10 Décembre de chaque année, le monde entier consacre 16 jours à la campagne de l’activisme contre la violence sexiste, en l’occurrence celle faite aux femmes et aux filles.
Cette campagne est pilotée par l’ONU Femmes sous le thème « Tous unis d’ici 2030 contre les violences faites à l’égard des femmes ». Cette campagne mondiale invite les gouvernements, la société civile, les organisations des femmes, des jeunes, le secteur privé, les médias et l’ensemble du système des Nations unies à unir leurs forces pour lutter contre ce fléau mondial.
À cette occasion, le Mouvement des Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi participe à cette campagne pour contribuer à l’éradication de ce fléau qui touche les femmes en général et les Barundikazi en particulier. Le MFFPS partage l’affirmation de l’ONU Femmes qui dit : « Aujourd’hui, la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le Monde. Elle demeure également l’une des moins signalées en raison de l’impunité, du silence, de la stigmatisation et du sentiment de honte qui l’entourent ».
Le MFFPS lance un appel vibrant à Tous : « nous » unir pour briser le silence et unir nos voix pour mettre fin à l’impunité des violences faites aux femmes et aux filles burundaises.
Au Burundi, cette 30ème campagne survient dans un contexte particulier de violations massives et continues des Droits de l’Homme en général et celles des femmes et des filles en particulier, violations qui sont devenues monnaie courante depuis la crise politique de 2015. Des femmes ont été violées, tuées, portées disparues, forcées à l’exil tandis que d’autres ont vu leurs maris et enfants tués, torturés, portés disparus ou emprisonnés arbitrairement.
Pour réprimer toute voix citoyenne dissonante avec la gouvernance du parti au pouvoir, le viol des femmes, des filles, et des hommes, est et reste un outil de répression efficace. Le viol au Burundi est utilisé comme une arme de guerre, une arme peu chère, accessible et dévastatrice tant pour la victime que pour la communauté. Enfants, jeunes, adultes, personnes âgées, simple citoyen, aucune catégorie n’est épargnée par les bourreaux.
En plus de ces violences liées à la crise politicosécuritaire, les femmes sont aussi victimes de violences domestiques, conjugales, violences verbales et psychologiques ainsi que le harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Les femmes en détention vivent dans des conditions d’hygiène déplorables car les lieux de détention ne sont pas conformes aux normes internationales. Quant aux filles scolarisées, elles subissent le viol par des enseignants avec, souvent pour conséquence, des grossesses non désirées et renvoi scolaire.
Les auteurs de toutes ces violences sont des Imbonerakure éparpillés sur toutes les collines du Burundi, des policiers, des militaires, des enseignants dans les établissements scolaires, des chefs d’entreprises, des responsables administratifs etc. Les femmes et filles burundaises sont en permanence en danger. À ce jour, aucune enquête n’a abouti à une poursuite judiciaire car les instances judiciaires sont corrompues.
Il est donc difficile d’évaluer avec précision l’ampleur de ces violences à l’égard des femmes et filles burundaises dans le contexte actuel où l’impunité des différents auteurs crée un climat de terreur au sein de la population et gangrène toutes les institutions nationales en charge de la protection et la défense des droits de tous les citoyens. Ainsi toutes les conventions internationales de protection des droits des femmes ratifiées par le Burundi et ses lois nationales sont systématiquement violées. Il est aussi important de dénoncer les violences sexuelles commises à l’encontre des hommes et jeunes gens, qui par peur de représailles et à cause de la honte, souffrent en silence.

Le MFFPS salue le travail des organisations nationales burundaises en général, et féminines en particulier, qui travaillent au quotidien pour lutter contre ce fléau national, mais aussi pour aider les victimes à se reconstruire. Mais le manque de cadre d’expression, le silence des victimes, la stigmatisation dans les communautés respectives, le manque de protection des survivants par le gouvernement, perpétuent ces violences et leur impunité.

Le MFFPS continuera d’alerter, de collecter les données sur les Violences Basées sur le Genre, de sensibiliser les femmes, les filles et les hommes, leurs communautés respectives et les instances en charge de la lutte contre ces VBG.

Il est de notre devoir d’être la voix des sans voix, de compatir à la douleur de nos enfants, de nos sœurs, de nos mamans, de nos grandsmères victimes de ces violences, de leur apporter tout soutien nécessaire et de réclamer leur protection. L’élimination des violences faites aux femmes et filles Burundaises exige des efforts conjugués de tous les acteurs œuvrant dans ce domaine.

 

Aux autorités politiques, administratives et religieuses, aux organisations de la société civile, professionnelles du monde de l’éducation, de la santé, aux médias, aux messieurs : Agissons ensemble et maintenant pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles. Il y va de l’avenir du Burundi car quand des femmes et des filles sont violées, c’est toute la nation qui est déchirée.

 

Fait le 25/11/2020

Pour le MFFPS

Directrice Exécutive

Me Immaculée HUNJA