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5 décembre 2020

SOS-Torture/Burundi – Rapport Hebdomadaire N°260

SOS–Torture/Burundi

Rapport-hebdomadaire-260

 

Le présent rapport de SOSTorture/Burundi couvre la période du 28 Novembre au 05 Décembre 2020 concernant les cas de violations des Droits de l’Homme au Burundi.

Au moins trois (3) personnes ont été assassinées au cours de la période dans différentes localités du pays.

Le présent rapport déplore également deux (2) cas d’atteinte à l’intégrité physique, notamment celui d’une femme grièvement blessée à l’avantbras suite à une attaque de leur domicile par des personnes non encore identifiées.

 

I. ATTEINTES DU DROIT À LA VIE

Dans la nuit de Mercredi 2 Décembre 2020 vers 21h, des individus non encore identifiés se sont introduits au domicile d’un couple de fervents militants du parti CNL (Conseil National pour la Liberté) sis à la colline de Nyarurambi, en commune de Butaganzwa dans la province de Ruyigi (Est du Burundi) et ont assassiné sauvagement Thomas Nkerabanyanka (65 ans) et sa femme Nathalie Barengayabo (58 ans).

Selon des témoins, les bourreaux ont défoncé la porte du domicile et ont ligoté les victimes avant de les égorger.

SOSTorture/Burundi note que cette violation du droit à la vie, qui peut être qualifiée d’assassinat en vertu du droit pénal burundais (art.215), s’inscrit dans le cadre d’une véritable chasse à l’homme contre des militants du parti CNL, ce qui laisse penser aussi à une qualification juridique des faits selon le droit pénal international, plus précisément la qualification de crime contre l’humanité.

Elle déplore aussi le silence complice des autorités burundaises au haut niveau au moment où ce genre de criminalité sur fond d’intolérance politique prend des proportions inquiétantes, plus particulièrement dès la prise de pouvoir du nouveau président Évariste Ndayishimiye.

Au matin de Jeudi 04 Décembre 2020 vers 9h, sur la colline de Kabere, en commune de Mabayi, dans la province de Cibitoke (Nord-Ouest du Burundi), quelques habitants de la même colline ont assassiné un sexagénaire du nom de Jacques Nzobarantumye à l’aide de gourdins et de bâtons en fer.

Selon des sources sur place, des habitants en colère se sont rués sur la victime et l’ont battue jusqu’à ce qu’elle rende son âme, en l’accusant d’avoir ensorcelé plusieurs personnes dans la localité.

SOSTorture/Burundi appelle les autorités judiciaires de mener des investigations pouvant aboutir à la détermination des auteurs de cet assassinat et les poursuivre conformément aux dispositions de lart.215 du code pénal burundais pour décourager ce genre de justice populaire qui s’enracine davantage au sein de la population à cause d’un système d’impunité qui fait suite à un dysfonctionnement judiciaire depuis que le CNDDFDD est au pouvoir.

 

II. ATTEINTES À L’INTÉGRITÉ PHYSIQUE

Dans la nuit de Dimanche 29 Novembre 2020 vers 19h, sur la colline de Nyagatare, en zone de Muramba, dans la commune et province Bubanza, des personnes inconnues armées de fusils ont attaqué le domicile du prénommé Elysée connu sous le surnom de Yondi et blessé grièvement sa femme à l’avantbras droit à l’aide d’une machette, au moment où son mari avait réussi à se cacher.

Selon de sources sur place, le mobile de cette attaque n’est pas encore connu et la victime a été évacuée vers une structure locale de santé pour y recevoir des soins.

SOS-Torture/Burundi condamne cet acte criminel quelle considère comme des lésions corporelles volontaires graves conformément au code pénal burundais (art.221 et 222), ou de tentative d’assassinat en fonction de circonstances (art.14 et 215 du code pénal).

En date du 1er Décembre 2020, sur la colline et zone de Muzye, dans la commune de Giharo, en province de Rutana (Sud-Est du Burundi), des élèves Imbonerakure du Lycée communal de Muzye ont violemment battu un enseignant de cette même école appelé Didace Muzaneza, en présence des autorités scolaires de cette commune, à savoir le Directeur Communal de l’Éducation (DCE) et du directeur de cet établissement scolaire.

Selon des sources sur place, l’agression physique de la victime est intervenue après un match interscolaire quand ce professeur a dénoncé un comportement obscurantiste chez certains de ces élèves et les autorités scolaires se sont abstenues de réagir.

SOSTorture/Burundi dénonce des lésions corporelles volontaires, imputables aux jeunes Imbonerakure qui bénéficient dune impunité endémique, pourtant prévue par le code pénal burundais (art.221 et 222).

SOSTorture/Burundi a été initiée dans l’objectif d’informer l’opinion nationale et internationale sur les violations graves des Droits de l’Homme en cours au Burundi à travers des rapports de monitoring notamment sur la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, les violences sexuelles et les exécutions sommaires.
Cette initiative d’informer sur les réalités du pays a fait suite au carnage d’une centaine de personnes tuées au cours de la journée du 11 Décembre et celle du 12 Décembre 2015 par des policiers et des militaires sous le prétexte de poursuivre des rebelles qui venaient d’attaquer des camps militaires situées à la périphérie de la capitale.
Les zones touchées sont dites contestataires du troisième mandat du Président Nkurunziza, à savoir Musaga, Mutakura, Cibitoke, Nyakabiga, Jabe, les deux dernières étant situées au centre de la Mairie de Bujumbura.